Dominique - Le Fil au Chas
Dominique Gélard, 52 ans, mariée et mère de 3 filles, Anaïs, Noëlie et Clélia, pompignacaise depuis 5 ans, exerce la profession de couturière.
Elle habite au hameau du chemin de Bouchet, hameau situé au nord de la commune un peu en retrait des voies de passage.
Elle a installé son atelier de couture dans une cour qui jouxte sa maison.
Je la rencontre en plein travail en compagnie de sa fille cadette Noëlie, 21 ans, étudiante en musicologie à Bordeaux,
membre de Conservatoire où elle est saxophoniste, elle est aussi enseignante à l'école de musique de Pompignac.
Toutes les deux attendent devant un portable Asus rouge la publication des résultats du brevet que vient de passer Clélia la benjamine de la famille.
Les résultats viennent d'arriver: Clélia obtient son brevet avec la mention très bien, comme 3 autres jeunes pompignacais !
A votre léger accent je devine que vous n'êtes pas originaire de la Gironde
Effectivement je suis née à Agen de parents gersois.
Je me suis installée en Gironde depuis 9 ans et depuis 5 ans nous habitons à Pompignac
Comment êtes-vous venu à cette profession de couturière ?
C'est une longue histoire de famille.
Mes grands-parents tenaient un café à Lourdes où ils ont été les premiers à faire des cafés italiens
grâce au percolateur Carpigiani, bien connu à l'époque.
Mon grand-père avait demandé à sa fille de devenir couturière, « ainsi tu me feras mes pantalons ! » lui dit-il,
à l'époque les filles obéissaient encore à leur père, elle devint donc couturière,
et de fil en aiguille après qu'elle ait épousé un artisan taxi je suis née non pas avec une cuillère en or dans la bouche,
mais avec une aiguille à coudre dans la main.
J'ai reçu une solide formation de couturière, j'ai passé mon CAP de couture à Tarbes puis mon BTS au lycée Brémontier, cours de l'Yser à Bordeaux,
j'ai travaillé à Pau chez le célèbre couturier André Courrèges qui est décédé l'an dernier.
Cela étoffe bien mon CV !
Quel est votre cœur de métier actuellement ?

J'ai trois activités différentes:
• je fais des retouches de vêtements
• je crée des peluches (
peut-être l'influence de la tradition des mounaques de Campan dans les Hautes-Pyrénées ?)
• je réalise des vêtements sur mesure, essentiellement des robes pour des mariages ou des cocktails
Cette activité me prend beaucoup de temps (choix des modèles, prises de mesures, préparation des patrons, essayages et retouches) et je ne peux pas facturer aux tarifs de la haute couture.
Cela reste donc exceptionnel.
Ces activités vous permettent-elles d'en vivre correctement ?
Non, pas vraiment. Je n'ai pas encore une clientèle assez étoffée,
car je suis loin du centre et mon activité n'est pas encore assez connue.
Je suis donc obligée d'aller au domicile de mes clients, ce qui prend du temps, et comme je ne suis pas assez connue
je pratique des tarifs assez bas.
Par exemple pour la fermeture invisible de votre fille facturée 15 € il y avait pour 5 € de fournitures, entre 15 et 20 minutes de travail,
plus les deux déplacements à domicile.
Je travaille assez souvent avec les personnes âgées du Village Automnal, et souvent, comme le fait le facteur,
je fais un brin de causette avec mes clients, ce qui leur fait bien plaisir.
Si vous comparez avec le tarif officiel de la couture à 30 € de l'heure que définit la Chambre des Métiers
je suis loin du compte.
Mais j'ai le plaisir d'avoir une clientèle tout à fait sympathique et le pressing du Poteau d'Yvrac
me recommande auprès des ses propres clients.
Vous travaillez en ce moment sur une grosse machine, vous faites les cuirs ?
Je ne fais pas de travaux sur des cuirs épais comme les vestes des motards, généralement ce sont les cordonniers qui s'en chargent.
Mais je fais les réparations de vêtements de cuir souple comme les vestes ou les blousons de ville.
Quelles sont les charges de votre profession ?

J'exerce à domicile, je n'ai donc
pas de charges locatives, ce qui ne serait pas le cas si je venais en centre ville.
Il me faut un
stock important de mercerie, essentiellement des fils de toutes couleurs et de toutes qualités.
Comme vous le voyez
j'ai de nombreuses machines dont l'entretien est onéreux et délicat.
Comment voyez-vous votre avenir et celui de votre profession ?
La couture, et l'industrie du vêtement en général, souffre de plus en plus de la
consommation vestimentaire,
les gens font de moins en moins réparer leurs vêtements,
le vêtement vendu bon marché tend à devenir un objet de consommation, il se jette après usage ...
C'est un souci pour nous ...
La pratique du
développement durable inversera peut-être cette tendance, qui sait ?
Depuis quelque temps je pratique un
partenariat avec Emma Lebré, une jeune femme qui a reçu un prix d'innovation à Pessac.
Elle a inventé un concept pour les femmes qui perdent leurs cheveux à la suite d'une chimiothérapie.
Il s'agit d'un foulard associé à une base volume, le tout en un seul produit.
Je suis justement en train d'en réaliser un en ce moment.
Vous pourrez en savoir plus sur le
site web d'Emma Lébré
Merci Dominique et Noëlie pour ce moment passé ensemble
et merci aussi d'avoir rendu la vie à un vieux pull que j'aimais beaucoup
et d'avoir réparé de façon invisible une fragile jupe en point de crochet de ma fille.
Le Fil au Chas
21 chemin de Bouchet
33370 POMPIGNAC
Téléphone : 06 20 90 59 80
Courriel :
dfil.au.chas@gmail.com
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